Un article du Dr. Ulrike Chanana

Dans le monde du travail d’aujourd’hui, la compétence interculturelle est devenue un mot à la mode. Pour certains, c’est un slogan. Étant enseignée et apprise de manière compacte, elle est souvent comprise comme une qualification supplémentaire et un avantage professionnel. Mais en réalité, elle est beaucoup plus que ça. La compétence interculturelle va bien au-delà des formules de politesse, des habitudes de table et de la prévention du “faux pas”.

Valeur de la compétence interculturelle

Dans notre monde globalisé, les rencontres entre différentes cultures font partie de la vie de tous les jours. Que ce soit dans le domaine technique, dans les établissements d’enseignement, dans la finance ou tout simplement dans le cercle des amis . En conséquence, la compétence interculturelle est plus nécessaire que jamais.

En examinant les offres d’emploi, la compétence interculturelle est souvent nécessaire ou du moins “souhaitée”. Cependant, la compétence interculturelle est souvent considérée à tort comme secondaire. Elle est mentionnée dans le même souffle que flexibilité, travail d’équipe ou comportement adéquat. Ceux-xi sont des mots associés à ce que l’on peut généralement comprendre comme “compétences sociales”.

La vie professionnelle quotidienne est souvent axée sur la recherche de solutions efficaces aux problèmes et sur le bon fonctionnement des relations commerciales. Les employés sont souvent sous la pression du temps et des impératifs de leur fonction. Cette pression est d’ailleurs souvent à l’origine du stress. Cela laisse peu de temps pour approfondir le contexte culturel de son homologue. Cela est compréhensible. Mais cette situation soulève également deux questions. Quel rôle attachons-nous dans le monde du travail d’aujourd’hui à la capacité d’action et de communication ? Qui plus est, dans un contexte de plus en plus multiculturel. En outre, quelle marge de manœuvre les directions d’entreprises laissent-elles aux spécialistes qui considèrent la compétence interculturelle non pas comme secondaire mais comme une qualification essentielle?

Plus que des règles de comportement

Dans la communication interculturelle, la connaissance de règles de comportement, de tabous ou de normes spécifiques est essentielle. Cependant, la compétence interculturelle implique également d’entrer dans un véritable dialogue avec les personnes d’une autre culture. Cela nécessite de l’expérience, de l’ouverture et de la sensibilité. Les relations interculturelles dépendent de la compréhension des rapports complexes entre les valeurs, le langage, les façons de penser et d’agir. Ce qu’une personne entend par “culture” n’est pas toujours clair. La façon dont elle perçoit ce qui lui est étranger et ce qui lui est familier est déterminant. Celle-ci va avoir une influence considérable sur sa propre capacité à développer la compétence interculturelle.

L’importance de telles compétences de communication dans la vie professionnelle est déjà évidente dans des situations de la vie courante. Je citerai par exemple l’organisation de rendez-vous dans la vie quotidienne, mais également  l’établissement de relations à long terme. Il est nécessaire de mieux comprendre comment un “oui” de l’interlocuteur doit être évalué dans son contexte culturel spécifique, quelles sont les structures hiérarchiques prédominantes et comment les interlocuteurs réagissent à l’émotion ou à la critique. Ce qui compte dans les moments critiques de décision, c’est souvent le bon sens du jugement. Par exemple si le partenaire commercial se concentre uniquement sur les aspects commerciaux ou plutôt sur l’établissement de relations de confiance et personnelles. C’est précisément là que se révèlent les nuances subtiles de la communication interculturelle qui échappent à la simple observation de “Do’s and Don’ts”.

Le succès dans le domaine professionnel

Ce qui est intéressant avec les relations interculturelles, c’est qu’elles ne se limitent pas à la recherche de l’efficacité, du bon fonctionnement ou du strict respect des règles. Elles concernent la coexistence humaine. Ceci  nécessite naturellement un examen attentif des processus permettant à différentes cultures de se comprendre. Pour cette raison, la compétence interculturelle devrait bénéficier d’un espace et d’une considération suffisante dans le monde du travail actuel.

En outre, la communication interculturelle implique parfois des situations auxquelles il n’est pas évident de s’adapter rapidement.  Les différences doivent alors coexister. En particulier chez nous, où il existe un grand potentiel pour découvrir des  moyens de communication nouveaux. Les experts en compétence interculturelle peuvent ainsi contribuer de manière significative au succès et à l’efficacité de nombreux domaines professionnels.

A propos de l’autrice:

Ulrike Chanana, Ph.D., mène des recherches à l’université Goethe de Francfort-sur-le-Main sur les formes de communication interculturelles et interreligieuses actuelles. Elle se concentre sur les nouvelles approches du judaïsme moderne concernant la possibilité et la forme du pluralisme religieux.

Version originale en allemand. Traduction par Intermedio.

Commentaires

Leave A Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.